
Comment édifier une nation au XXIè siècle en Afrique sub-saharienne ?
L’analyse de l’Etat africain révèle qu’il est caractérisé par des dysfonctionnements politiques et institutionnels qui entravent les processus de construction du vivre ensemble. En effet, après les indépendances, le défi à relever par l’Etat africain est d’impulser le « sentiment du vivre ensemble » que le colonisateur a réussi tant bien que mal à hypothéquer. Pour y arriver, l’obligation est faite aux différentes composantes de l’Etat d’intérioriser certains principes démocratiques, tels que la participation active et volontariste à la gestion des affaires du pays, la solidarité et le respect des règles qui gouvernent le corps politique.
La participation constructive des citoyens à la gestion des affaires publiques est sujette à la nature des relations qui existent entre les forces politiques et sociales du pays, au bon fonctionnement du système politique en place et à l’efficacité des institutions en charge de la socialisation politique des citoyens. La solidarité est, quant à elle, une valeur très importante de la citoyenneté, étant entendu que les citoyens ne sont pas de simples individus juxtaposés, mais un ensemble d’hommes et de femmes attachés à un projet commun. Cette solidarité doit tirer sa substance de la justice sociale développée par Rawls. Cette forme de justice est le plus souvent mise en oeuvre pour corriger certains déséquilibres sociaux à travers la mise en place d’un système de redistribution équitable des biens de la société. Le respect des lois est un gage pour la stabilité politique et sociale.
La manifestation des conflits et de la violence électorale témoigne les difficultés de l’Etat africain à construire le vivre ensemble. De ce fait, qu’est-ce qu’il expliquerait la difficile émergence du vivre ensemble dans l’Etat africain ?
Pour comprendre la difficile émergence du vivre ensemble, il est nécessaire de questionner certains facteurs historico-politiques, les choix politiques et institutionnels après les indépendances et la conception que les acteurs politico-militaires se font du pouvoir et des institutions de l’Etat ainsi que les stratégies des institutions en charge de la socialisation politique des citoyens.